
Le mot de la Présidente
Quelles images voyons-nous si l’on nous dit : Saché, Médan, Nohant, Illiers ? Ce sont aussitôt les portraits de Balzac, Zola, Sand et Proust qui nous viennent à l’esprit. Le nom de ces villages aux dimensions modestes résonne pourtant d’un écho littéraire international.
C’est une telle incarnation que notre Association construit peu à peu depuis sa fondation à Mortagne par une poignée d’amis inspirés, entraînés par Antoinette Guerrini. Grâce à la création simultanée d’un musée, des milliers de visiteurs ont pu, depuis près de cinquante ans, faire plus ample connaissance avec Alain, et des chercheurs, de France et d’ailleurs, bénéficier du fonds documentaire et patrimonial, accru d’année en année.
Concourant à cette inscription en marche, la géographie urbaine a semé subtilement des signes de l’homme et de l’œuvre dans Mortagne : la plaque sur la maison natale, le collège Emile Chartier, la Cité Alain, la rue des Propos, la rue des Esquisses. Et afin que nul n’en ignore, les entrées de la ville enseignent en beaux caractères qu’ici naquit Alain. Souvenons-nous, pour la petite histoire, que c’est grâce à un charmant panneau côté route de L’Aigle, que Maurice Schumann, ancien élève d’Alain, venant en 1978 aux Journées Alain, ressentit une approche presque familière de Mortagne. Il s’en était ouvert à Robert Tanné au début de sa conférence : « Un demi-siècle, presque jour pour jour, se sera écoulé entre le moment où je suis entré pour la première fois dans la classe d’Alain pour m’asseoir au pied de sa chaire et le moment où j’ai franchi le seuil de votre commune et j’ai eu la joie, Monsieur le Maire, de déchiffrer sur une pancarte ces quelques mots : « Mortagne, ville natale du philosophe Alain ».
Mais encore ?… Nous collaborons au chantier intellectuel d’un grand et beau projet lancé par la Ville, celui d’un musée municipal d’art et d’histoire. Alain y figurerait l’une des sections phares. Et pour un renom amplifié, faisons le rêve que le label « Maison des Illustres » soit accordé à ce lieu. Car le nom d’Alain est important pour Mortagne ; comme celui de Balzac, de Proust et de tant d’autres, il renvoie à un pays, à un paysage instillés dans le filigrane de l’œuvre.
Catherine Guimond

